Le bras de fer entre les chauffeurs de VTC et les plateformes telles qu’Uber, Heetch et Bolt se poursuivent. Il y a quelques mois, les chauffeurs ont réussi à faire établir un tarif minimum par course, fixé à 7,65 euros net. Cependant, cela ne représentait qu’une première étape. Les syndicats de chauffeurs s’efforcent maintenant d’établir un revenu horaire minimal pour l’ensemble du secteur. Bien que les discussions avec les plateformes soient toujours en cours, il est prévu que le taux horaire minimum des VTC rejoigne celui des salariés du secteur privé, soit 11,52 euros brut.
L’association des VTC de France, ainsi que la Fédération nationale des autoentrepreneurs (FNAE), ont l’intention de réclamer davantage. Dans une déclaration, Grégoire Leclercq, président de la FNAE, a souligné : « Nous espérons que le taux horaire atteindra au moins 15 euros brut ».
Parvenir à un consensus n’est pas une tâche facile. Les discussions méthodologiques ont nécessité deux séances de négociations à elles seules. Selon Joël Blondel, directeur général de l’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi (ARPE), chargée d’organiser les négociations, « La rémunération représente ce qui reste au chauffeur une fois les charges acquittées ». Ainsi, parvenir à un accord sur le revenu implique aussi de se mettre d’accord sur les charges spécifiques aux chauffeurs de VTC, qui varient d’un chauffeur à l’autre. Étant donné la complexité du sujet, il est possible que les pourparlers se prolongent jusqu’à la rentrée, avertit l’ARPE.
Améliorer la prise en charge des courses de courte distance
Toutefois, un compromis devrait bientôt être trouvé. Il est important de noter que l’introduction d’un revenu minimum horaire répond à une demande de longue date des chauffeurs. Ils militent tous pour que le temps d’approche, c’est-à-dire le temps nécessaire pour rejoindre le client une fois la commande acceptée, soit rémunéré. Alors que les chauffeurs de taxi bénéficient déjà de cette rémunération, ce n’est pas encore le cas pour les chauffeurs de VTC. Il n’est pas rare que le temps d’approche dépasse la durée de la course elle-même, ce qui entraîne un gain financier négatif pour le chauffeur. Depuis mars 2021, les plateformes sont tenues de communiquer aux chauffeurs le prix des courses, et ils en sont donc conscients.
Les clients des plateformes sont affectés par les décisions des chauffeurs. Depuis plus d’un an, les petits trajets sont souvent annulés ou ignorés par les chauffeurs. « Environ un quart des petites courses ne sont pas effectuées, car les chauffeurs estiment qu’elles ne sont pas suffisamment rémunératrices », a confié Nicolas Prévitali, directeur des opérations chez Uber France. L’introduction d’un tarif minimum par course et d’un revenu horaire minimum pourrait véritablement changer la donne.
Cependant, cette amélioration aura un coût. Le prix des courses, qui a déjà augmenté depuis janvier, devrait encore augmenter à l’avenir. Il est difficile d’estimer l’ampleur de cette augmentation. Néanmoins, les plateformes pourraient choisir de prendre en charge une partie de cette hausse. Par exemple, la plateforme Bolt, qui garantit une rémunération de 10 euros par course à ses chauffeurs, propose régulièrement des codes promo de 30% à 50% pour alléger la facture des clients. D’autres opérateurs pourraient suivre cette voie.
Actuellement, la demande ne montre aucun signe de ralentissement. Après avoir diminué pendant la crise sanitaire, elle est désormais revenue à son niveau le plus élevé. Mais, les plateformes rencontrent des difficultés pour y répondre en raison d’une pénurie sans précédent de chauffeurs. « Heetch n’est pas en mesure d’honorer une course sur cinq », déplore Hugues Le Chevallier, directeur général de Heetch France, en janvier dernier. En répondant favorablement aux revendications financières des chauffeurs, les opérateurs espèrent attirer de nouveau les chauffeurs qui ont quitté la plateforme. Les plateformes sont ainsi en négociation avec les chauffeurs concernant le droit à la déconnexion.
En effet, les acteurs majeurs du secteur surveillent ainsi de près l’évolution du marché. Avec l’augmentation continue des tarifs des VTC, de plus en plus d’utilisateurs se tournent à nouveau vers les taxis. Un signal fort est la revalorisation de la valeur de la licence de taxi à Paris : elle est actuellement estimée à 173 000 euros, alors qu’elle était tombée à 115 000 euros en 2018. La société de taxi G7 a même enregistré des niveaux d’activité records en 2021. En revanche, la grande majorité des opérateurs de VTC ne parviennent toujours pas à être rentables. La question de la compétitivité des opérateurs se pose donc dans un contexte réglementaire en constante évolution.